Le harcèlement scolaire : Pourquoi mon enfant ? Pourquoi son silence ? Que faire ?


Enfant / mardi, mars 27th, 2018

« Cela faisait un certain temps que je sentais mon fils différent, taciturne, triste … Un soir, je l’ai « coincé », il ne me disait pas tout, il se passait quelque chose dans ses journées qui ne tournait pas rond.  Cela a mis plus de 20 minutes avant qu’il ne finisse par parler. Au collège, il était plaqué au sol dans les couloirs de l’établissement et insulté une à deux fois par jour, par un jeune de son âge.

Je suis restée sans voix. Mon fils était de grande taille, il pratiquait des sports de « self defense » depuis plusieurs années … Pourquoi se laissait-il faire ? Comment se faisait-il que ce jeune se soit attaqué à lui ?  Pourquoi a-t-il fallu que je crève l’abcès et pourquoi n’est-ce pas lui qui est venu m’en parler ? Que faisaient ses amis, témoins de ces scènes répétées de violence ? Et maintenant, que faire ? »

Autant de questions qui sont restées sans réponse … Autant de questions qui reviennent quasi systématiquement dans la bouche des parents des enfants qui ont été victimes  de harcèlement scolaire.

Pourquoi lui ? Que font les autres ? Pourquoi ce silence ? Que faire ?

Pourquoi lui ?

Le harcèlement part d’une différence : plus jeune, plus gros, plus blond, plus sage, moins à la mode, moins sportif, moins drôle ….. Mais, des différences, on en a chacun : nous sommes tous différents les uns des autres. On ne peut donc pas prédire que telle ou telle différence fera l’objet d’un harcèlement. Ce n’est pas le mobile du harcèlement. C’est simplement un angle d’attaque, un point de départ pour l’agresseur.

Lui, devine sa proie. Il décèle la vulnérabilité de la victime, celle qui ne saura pas ou n’osera pas se défendre. Celle dont il pourra rire et celle sur laquelle il pourra exprimer sa domination. Celle qui pourra rassurer une peur en lui de ne pas être assez fort, de ne pas être respecté, d’être isolé … Peur qu’il transforme en une terrible agressivité.

Que font les témoins ?

Ils ont peur … Ils ont peur de l’agresseur, souvent « populaire », qui pourrait se tourner vers eux. Ils ont peur que le vent tourne et qu’ils soient les prochaines victimes. Et c’est vrai, qu’il faut du courage, lorsque quelqu’un est agressé pour oser s’interposer, pour oser le défendre.

Pourquoi ce silence de la victime ?

Parce qu’elle a peur aussi et évidemment. La peur est le dénominateur commun entre l’agresseur, les témoins et la victime. La victime craint l’agression, sa répétition. La victime perd, peu à peu, confiance en elle. Elle s’enferme dans un silence.

Elle préfère ce silence à en parler. Elle craint la réaction de ses parents, leur intervention risquerait d’envenimer la situation. Elle ne souhaite pas rajouter à leurs préoccupations quotidiennes, une nouvelle charge.  Certaines victimes pensent que c’est de leur faute …. La victime ne voit pas d’issue à la situation et se tait.

Elle s’isole, les attaques à son égard se répètent et s’installent : violences physiques, verbales ou psychologiques. Elle vit alors une véritable situation de harcèlement scolaire.

Que faire ?

Le premier pas vers la délivrance : « en parler » :

Accueillir la douleur de son enfant, la violence qu’il subit chaque jour, sa souffrance, son désespoir.

Mettre des mots : « harcèlement », « violence », « douleur » pour qu’il se sente reconnu dans ce qu’il vit : « Oui tu es harcelé, et oui ce n’est pas bien. Le harcèlement à l’école est un mal. Oui, tu en souffres et tu ne sais plus comment te comporter, tu es désespéré. ». La personne violentée pourra, peu à peu, mettre une distance entre ce qu’elle vit à l’école – qui est une situation anormale et inacceptable- et ce qu’elle est,  ce qu’elle vaut. Elle pourra très progressivement prendre conscience, qu’il n’y a pas –jamais- de bonne raison pour que ce soit elle la cible de ce harcèlement.

Assurer son enfant de son soutien indéfectible – et que rien ne sera fait dans ce combat, sans son accord.

Le deuxième pas, la riposte de la victime à l’agresseur :

Lorsqu’il se sentira prêt et qu’il aura décidé de ne plus se laisser faire, qu’il aura décidé de se tenir droit devant son agresseur et qu’il ne se laissera plus envahir par la peur, il ripostera. Chaque victime à ses propres ressources : la défense verbale ou physique, l’humour, l’ignorance …. Il va surprendre son agresseur en adoptant un comportement qui n’est d’habitude pas le sien.  Par l’effet de surprise, l’agresseur sera déstabilisé et bien souvent, il lâchera alors cette proie rebelle …

Cela dit, cette étape de riposte peut-être longue et difficile à mettre en place, je vous recommande de ne pas rester seuls, votre enfant et vous, dans cette situation. Il y a des associations et des personnes spécialisées dans cet accompagnement. En cas de besoin, contactez-les !
Au pays basque, je recommande Julia Lalanne avec qui je suis intervenue dans un lycée pour sensibiliser les jeunes à ce sujet et leur faire prendre conscience qu’ils avaient les ressources en eux pour éviter que ce type de relation ne se mette en place dans leur entourage et le cas échéant qu’ils puissent se défendre eux-mêmes.
Julia a été formée auprès de l’association 180°c – Chagrin scolaire, elle reçoit les enfants en difficulté et les aide à mettre en place leur propre stratégie pour rompre le cercle infernal.

Enfin, il faut également savoir que le harcèlement scolaire est puni par la loi. Vous avez toutes les informations sur le site : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F31985.

Et, de manière générale, nous le savons, mais en plongeant dans ces problématiques, cela rejaillit encore plus fort : c’est tellement important de rester proches de nos enfants, à l’écoute et disponible – prêts à les écouter vraiment dans leurs joies comme dans leurs difficultés !

 

 

 

 

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